Joseph Parmentier, l’enfant passionné par les plantes
Le plus âgé des garçons, Joseph Parmentier, s’intéresse aux plantes et aux fleurs dès l’enfance. Devenu horticulteur, collectionneur de plantes rares et exotiques, il est l’intendant du domaine d’Arenberg, et aménage (et réaménage) le parc en étroite collaboration avec la famille ducale.
Maître jardinier
François Joyaux, professeur d’université à Paris, est aussi collectionneur de roses anciennes. Dans son ouvrage La rose, une passion française (1778-1914), il éclaire le rôle d’un Joseph Parmentier, qui dépasse amplement celui d’un simple jardinier.
Selon lui, « un grand jardin, et par conséquent un grand jardinier, ne pouvait se contenter, comme aujourd’hui, d’acheter les obtentions qu’offraient les pépiniéristes et qui, de ce fait, se retrouvaient dans les jardins les plus banals ; il se devait de produire les siennes, propres, originales, un peu comme un chef-cuisinier se devait d’imaginer des recettes nouvelles, ou comme un maître de chapelle se devait de composer sans cesse pour le prince qu’il servait. »
Joseph Parmentier était donc au Duc d’Arenberg, pour son domaine enghiennois et toutes proportions gardées, ce qu’était un Georg Friedrich Haendel au roi George Ier de Grande-Bretagne, ou un André le Nôtre à Louis XIV : un proche, un confident, certainement un homme de confiance, peut-être un ami.
Le réseau de Joseph, d’Enghien à la Malmaison
François Joyaux évoque encore « la collection du duc d’Arenberg à Enghien, alors dans le département français de Jemmapes, pas très loin de Bruxelles. Les Arenberg étaient une très ancienne et célèbre famille d’Empire (germanique). Louis, duc d’Arenberg (1750-1820) avait été fait comte et sénateur par Napoléon. Son frère Auguste, prince d’Arenberg (1753-1833), plus connu sous le nom de comte de La Marck, avait été l’ami intime de Mirabeau. Enfin, Prosper-Louis, duc d’Arenberg (1785-1861), fils de Louis, avait, en 1808, sur ordre de Napoléon, épousé Stéphanie Tascher de la Pagerie, filleule de l’impératrice Joséphine, et comme cette dernière, s’intéressa particulièrement à la botanique et à l’horticulture.
Or pendant de longues années, leur domaine d’Enghien fut administré par un horticulteur passionné, Joseph Parmentier (1775-1852). »
« On sait », ajoute François Joyaux, « que Joseph Parmentier se fit procurer, par l’intermédiaire de Joséphine, une licence de façon à importer des plantes d’Angleterre. »
Obtenir de l’Empereur Napoléon 1er qu’il fasse une entorse au blocus continental : voilà qui n’était pas à la portée de tout le monde ! Joseph Parmentier l’a fait !
Inutile de préciser que les jardins de l’Empereur français étaient peuplés de rosiers enghiennois.
Joseph Parmentier, un esprit scientifique
La passion de Joseph Parmentier pour les choses de la nature l’amène à compiler un Catalogue des arbres et plantes cultivés dans les jardins (1818), dans le but premier d’organiser des échanges avec d’autres collectionneurs et d’enrichir la diversité du jardin, lequel compte 82 pages, parmi lesquelles de nombreuses plantes exotiques qu’il a introduites sur notre territoire, comme… un certain cèdre du Liban, que les enghiennois connaissent bien.
En 1819, il publiera également un Exposé succinct des produits du règne végétal et animal dans le canton d’Enghien, qu’il dédicace au Roi Guillaume Ier d’Orange, dédicace dûment agréée par le monarque.
Après la bataille de Waterloo, il restaure le domaine, réunissant une remarquable collection de plantes exotiques.
Homme de confiance du Duc, Joseph Parmentier administrera également la Ville, dont il sera le maire puis le « bourguemaitre », dès l’âge de 27 ans jusqu’à ses 55 ans. C’est cette année-là, en effet, qu’il sera destitué, lors de la révolution belge de 1830.
Joseph Parmentier fit des émules dans sa famille : son frère Louis se spécialisa dans l’obtention de rosiers, tandis que son frère André, après avoir émigré en Amérique, s’y fit une brillante réputation de pépiniériste et d’architecte paysagiste.
L'arrière-petit-fils de Joseph, Ernest Matthieu (1851-1928) écrira L'histoire d'Enghien avant de fonder le Cercle Royal Archéologique d'Enghien