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André Parmentier, l’exilé

Si on en sait davantage sur le plus jeune des trois frères, c’est grâce à des sources étrangères prestigieuses (dont la célèbre National Gallery of Art, à Washington, et l’Encyclopaedia Britannica). Après des études (d’ingénieur, semble-t-il) à l’Université de Leuven, il suit l’exemple de ses frères, pratiquant l’horticulture et l’architecture du paysage, et collabore étroitement avec son frère Joseph, qui le forme.

En 1813, André épouse une cousine éloignée, Sylvie Parmentier. Le couple aura cinq enfants : trois fils, qui décéderont très jeunes, et deux filles, Adèle et la benjamine Rosine, qui atteindront l’âge adulte.

L’exil
? ou l’aventure?

C’est apparemment à la suite de revers financiers (on cite notamment un procès relatif à un investissement malheureux dont a eu à connaître la cour de Cassation en 1822) qu’André et sa famille quittent la Belgique pour les États-Unis. Installés à New York en 1824, ils s’établissent dans la périphérie verte de la ville, à quelques kilomètres à peine de Manhattan : à Brooklyn.

L’année suivante, André y crée sur une dizaine d’hectares une pépinière approvisionnée notamment en plants européens par son frère Joseph. Ce sera le premier « jardin horticole et botanique » des États-Unis, qui suscite un grand intérêt et lui vaut de devenir membre de la New York Horticultural Society. Il y plante notamment 25.000 ceps de vigne à la manière des vignobles de France.

La percée

Dès 1826, plusieurs familles fortunées lui confient la réalisation de jardins, tout comme le King’s College de Toronto (Canada). Un seul de ces jardins résistera à l’épreuve du temps : Hyde Park, un domaine de 280  hectares qui changera plusieurs fois de mains avant de devenir le Vanderbilt Mansion National Historic Site. L’un des plus illustres successeurs de Parmentier, Alexander Downing, écrira que « ce site est à juste titre célébré comme l’un des plus remarquables spécimens du style moderne d’architecture du paysage d’Amérique. »

André Parmentier rédige également des articles pour des périodiques professionnels spécialisés, où il ne manque pas de placer quelques insertions publicitaires. Par exemple cette « List of pears », publiée dans le New England Farmer : elle contient les références de 197 poiriers des Flandres, provenant de la pépinière de Joseph Parmentier, « dont la plupart sont disponibles auprès de la pépinière d’André Parmentier » à Brooklyn.

En 1830, à peine âgé de 50 ans, André Parmentier tombe malade et décède deux mois plus tard.

En quatre ans, par ses projets et par ses écrits, par la nouveauté de son approche, il aura marqué de son empreinte le concept d’architecture paysagère aux États-Unis, combinant avec succès à l’esprit du Nouveau Monde sa formation de créateur de jardins « à l’européenne ».

La reconnaissance posthume et l’héritage philanthropique d’André Parmentier

Sa veuve poursuivra l’activité de la pépinière pendant trois ans, avant de la vendre et de se faire construire une maison qu’elle occupera avec ses deux filles, Adèle et Rosine.
Adèle épousera en 1841 un immigrant allemand, Edward Bayer.

Catholiques très pratiquantes, dans un quartier portuaire de plus en plus fréquenté par les Irlandais de New York, les trois femmes se lanceront très activement dans des activités philanthropiques, aidant les autorités épiscopales, recevant chaque semaine l’évêque lors de sa tournée pastorale, contribuant à l’installation dans l’Indiana d’un couvent de Petites sœurs des pauvres venues de France. Sylvia décèdera en 1882, à 89 ans; Adèle en 1892, à 77 ans, sans enfant.

Le centenaire de la création du « jardin botanique » d’André Parmentier sera célébré en 1925, par l’inauguration de deux plaques commémoratives, l’une en l’honneur du botaniste, André, et l’autre en l’honneur de la philanthrope, sa fille Adèle.

Quant à Rosine, décédée en 1908, elle lèguera tous ses biens au couvent des Sœurs de Saint-Joseph sous la condition expresse de les affecter à l’enseignement pour jeunes filles.

Cette volonté semble avoir été respectée, puisqu’à la place de ce qui fut la pépinière d’André Parmentier, puis la maison de sa veuve, dans ce jardin idéal qu’il avait créé et qui est maintenant un quartier urbain, la St Joseph Commercial High School dispense encore aujourd’hui son enseignement aux jeunes filles.

Et Antoine Parmentier, l’homme qui a popularisé la consommation de la pomme de terre en France? Selon plusieurs sources, ce pharmacien militaire serait bien un cousin de nos Parmentier enghiennois.